M. Godet, La pellicule et les ciseaux, CNRS éditions, 2010.
Avec la mort de Staline en 1953 s’achève l’ère du "réalisme socialiste" soviétique. L’étau se desserre enfin sur la production cinématographique. À l’interdiction spectaculaire longtemps pratiquée par le "petit père des peuples" se substitue une forme de censure subtile et complexe. Pourquoi certains films ne représentant rien de répréhensible sont-ils censurés, tandis que d’autres, plus subversifs, sont réalisés ? Martine Godet signe la première étude de fond sur cette gestion politique de l’image par un régime autoritaire en crise.
Dans les années 1960-1970, après le dégel kroutchevien, une nouvelle vague de répression s’abat sur les réalisateurs. Certains films resteront bloqués des années durant : La Commissaire de A. Askoldov (1967), La Vérification de A. Guerman (1971), Longs adieux de K. Mouratova (1971), etc. Et les cinéastes joueront un rôle de premier plan dans la perestroïka, dont le coup d’envoi sera donné par l’incroyable Ve congrès de l’Union des cinéastes, en mai 1986, qui décida de la suppression de toute censure à l’écran.